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Veille Scientifique #7 : Les mesures prises pour le SRAS peuvent-elles servir pour contenir l'épidémie de COVID-19 ?
Pouvons-nous contenir l'épidémie de COVID-19 avec les mêmes mesures que pour le SRAS ?
Référence: Wilder-Smith A, Chiew CJ, Lee VJ. Can we contain the COVID-19 outbreak with the same measures as for SARS?. The Lancet Infectious Diseases. 2020 Mar 5.
https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(20)30129-8/fulltext
Résumé proposé par : De Elsa Scola et Cécile Cottet-Prioux
Apparue en novembre 2002 en Chine, l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a été maîtrisée en 8 mois. Elle comptabilisait en juillet 2003 plus de 8000 cas et 800 décès, répartis principalement dans 5 pays (26 pays touchés au total). En l'absence de vaccins et de traitements spécifiques, les seuls outils de santé publique qui ont permis d'éradiquer le SRAS efficacement ont été l'isolement et la quarantaine, interrompant la transmission d'humain à humain.
Le 28 février, 2 mois aprés de son début, l'épidémie de coronavirus COVID-19 compte plus de 82000 cas confirmés et 2800 décès, touchant 46 pays en dehors de la Chine.
L'étude des similitudes et des différences entre ces deux virus détermineront l'efficacité des contre-mesures, qui a défaut de contenir entièrement l'épidémie, seront toujours efficaces pour réduire l'incidence et les décès.
Similitudes entre les deux virus sur les points suivants :
- le génome est commun à 86% ;
- la chauve-souris est l'origine probable ;
- la transmission de fait par gouttelettes respiratoires ;
- le récepteur (enzyme 2 de conversion angiotensine) se trouve dans les voies respiratoires inférieure de l'homme ;
- la durée d'incubation médiane est de 5 jours ;
- R0 = 2 ;
- la progression de la maladie est similaires chez les cas graves avec un syndrome de détresse respiratoire aigu à environ 8 à 20 jours après le début des premiers symptômes, les anomalies pulmonaires sur TDM thoracique montrent la plus grande gravité à 10j.
Contre mesures mise en place en 2003 pour le SRAS :
- surveillance syndromique: fièvre et symptômes respiratoires ;
- isolement rapide des patients, suite à une détection précoce (condition d'efficacité) avant le début ou à défaut le maximum de l'excrétion virale ;
- quarantaine des contacts voire quarantaine communautaire. En effet, si l'identification de toutes les personnes infectieuses est impossible, il est nécessaire de mettre en place une quarantaine communautaire par ville ou région pour réduire les interactions personnelles, fermetures des écoles, universités et lieux publics ;
- à l'hôpital: triage des patients, chambre d'isolement, équipement de protection individuelle pour le personnel et prise de température biquotidienne, mesures de protections pour tous les patients suspectés et isolation, restriction des visiteurs et des mouvements du personnel ;
- prévention de la propagation mondiale: contrôle de sortie via scanner thermique et contrôle d'entrée, conseils pour éviter les voyages non essentiels.
Il est a noté que le degré d'anxiété des citoyens, une meilleure connaissance du SRAS et une perception du risque supérieur à la moyenne ont fait que ces mesures de précaution ont été bien suivies.
Différences pouvant expliquer la différence de propagation entre le COVID 19 et le SRAS :
- Le lieu de début de l'épidémie: Wuhan est une grande ville avec un réseau de transports (aéroport international), industrie, et commerce rendant le confinement difficile. Les voyages vers l'extérieur de la Chine ont plus que doublé en 10 ans et la densité de la population urbaine a triplé. Les déplacements et la proximité des personnes sont plus importantes.
- La période infectieuse: pour le SRAS, l'excretion virale se produisait avec des patients symptomatiques et facilement identifiables. Il n'y a pas eu de transmission connue pour les patients asymptomatiques. Alors que pour le COVID 19, la transmission s'effectue en phase précoce, présymptomatique, rendant le dépistage moins efficace et l'isolement trop tardif.
- La transmissibilité est plus élevée.
- La spectre clinique est différent. Pour le COVID 19, les cas bénins sont courants (81%), rendant la propagation silencieuse. La taux de mortalité de 2% est moins important que pour le SRAS (10%), mais sur une grande population, il concerne de nombreux patients.
- La diffusion communautaire est plus importante. Alors que pour le SRAS la diffusion était principalement au sein des hôpitaux, elle semble élargie pour le COVID 19, avec plus de contacts inconnus que de contact connus.
Bien que la communauté était mieux préparé en 2020 par rapport en 2003, notamment avec le renforcement des capacités prévues par l'OMS, permettant la disponibilité des test diagnostics beaucoup plus rapidement (2 semaines après la notification des cas en Chine), des normes médicales, du personnel de santé mieux formés et une expertise technique et scientifique plus approfondie qu'en 2003, l'épidémie de COVID 19 montre une propagation plus importante de part les caractéristiques du virus.
Les mesures de confinement communautaire, l'utilisation des masques faciaux et le verrouillage des transports en commun, chercherait à retarder le début d'une transmission communautaire généralisée, de réduire l'incidence et son impact sur les services publics. La réduction de l'ampleur de l'épidémie ou la suppression du pic permettrait de réduire les décès jusqu'à ce que des vaccins efficaces soient disponibles.
Cet effort de confinement a un coût à court terme (voyages, commerces, économie, santé mentale), qui reste inférieur au coût à long terme du non confinement. Cependant, le maintien du confinement ne peut-être indéfini et devra glisser vers l'atténuation en équilibrant les coûts et les avantages des mesures de santé publique.
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