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Veille Scientifique #4 : Efficacité apparente de la chloroquine pour les pneumonies associées au COVID-19

03 avril 2020 Association
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Percée : La Chloroquine phosphate a montré une efficacité apparente dans le traitement des pneumonies associées au COVID-19 dans les essais cliniques

Delphine Dupouy-Fayemendy, 320 avenue de la Chalosse, 40280 BENQUET, OMT-FRANCE, SFP

Alice Kozoulia, SKR, SFP

 

Référence : Gao J, Tian Z, Yang X. Breakthrough: Chloroquine phosphate has shown apparent efficacy in treatment of COVID-19 associated pneumonia in clinical studies. Biosci Trends. 2020;14(1):72–3. 

L'article présenté a été publié dans la revue BST (BioScience Trends) par une association internationale de recherche et de coopération pour l’avancement des sciences biologiques et des sciences sociales.

Face à la propagation rapide du virus Covid-19 avec des cas confirmés dans de nombreux pays, les efforts sont redoublés pour trouver un médicament efficace contre le virus en Chine.

La chloroquine phosphate est connue pour avoir montré son efficacité dans le traitement de la malaria. Le 17 février 2020, le conseil d’état de Chine a publié un compte-rendu indiquant que la chloroquine phosphate avait montré une efficacité et une sécurité acceptables pour traiter la pneumonie associée au Covid-19 lors d’essais cliniques multicentriques conduits en Chine.

Avant cela, des études in vitro ont montré que la chloroquine bloquait l’infection au Covid-19 à une concentration micromolaire faible. Suite à cela, des essais cliniques ont rapidement été menés pour tester l’efficacité de la chloroquine ou hydrochloroquine dans le traitement de la pneumonie associée au Covid-19 dans plus de dix hôpitaux à Wuhan, Jingzhou, Guangzhou, Pékin, Shanghai, Chongqing et Ningbo. Par rapport au traitement contrôle (à savoir un traitement selon les recommandations standards actuelles) la chloroquine inhibe l’aggravation de la pneumonie sans apparition de réactions adverses sévères chez plus de 100 patients testés. Elle est également efficace dans l’amélioration des imageries pulmonaires, la promotion d’une inactivation du virus, et le raccourcissement de la durée de la maladie.

Fort de ces résultats, une conférence a été donnée le 15 février 2020 pendant laquelle les experts qui ont conduit ces essais cliniques sont parvenus à un accord selon lequel la chloroquine phosphate a une action puissante contre le Covid-19. Elle a donc été incluse à la nouvelle version des recommandations de la commission nationale de la santé de la République populaire de Chine. La chloroquine est ainsi recommandée comme ligne directrice pour la prévention et le traitement de la pneumonie causée par le Covid-19.

Les activités anti-virale à large spectre et anti-inflammatoire de la chloroquine lui confèreraient une potentielle efficacité dans le traitement des patients présentant une pneumonie due au Covid-19.

Targuant que la chloroquine est un médicament bon marché, utilisé depuis 70 ans et que la demande est urgente, les auteurs concluent que la chloroquine phosphate est recommandée pour traiter la pneumonie associée au Covid-19 pour des populations plus importantes que celles sur laquelle portaient l’étude.

Toutefois, aucune notion de taille de l’effet ou de significativité n’est apportée par l’étude. Après consultation du registre chinois des essais cliniques, nous nous permettons d’émettre quelques réserves sur la fiabilité des études référencées. En effet, sur les 15 essais cliniques analysés, 5 ont été annulés (faute de patients). Sur les 10 restants, 8 sont en ouverts et seulement un est en double aveugle, induisant des potentiels biais de suivi et de mesure. La plupart des essais référencés sont toujours en cours de recrutement, dans certains cas celui-ci n’a pas encore débuté. Les conclusions de l’étude portent donc sur des résultats préliminaires (induisant une problématique de contrôle de l’inflation du risque alpha qui n’est pas documentée). 

Enfin, les critères de jugements principaux sont le plus souvent le délai de guérison, la durée du séjour à l’hôpital ou le délai d'inactivation du virus. Des conclusions ont été apportées sur ces critères mais aussi sur l’amélioration radiographique. Or, ce critère (cliniquement peu pertinent), était en fait rarement évalué dans les essais (dans 2 études). Moins des deux tiers des études évaluent spécifiquement les effets adverses sérieux notamment sur le fonctionnement hépatique et le système cardio-vasculaire. 

(Image: © Shutterstock)




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